feux. Apercevant bientôt après mon entrée sur le territoire indien quatre Tepées considérables, je me suis hâtée de les visiter. M. Ramsay et un interprète, dont la maison n’était pas éloignée, m’accompagnèrent, et je me dirigeai vers la plus grande de ces tentes. Trois chiens maigres étaient attachés avec des cordes aux pieux de ce Tepée. (Les Indiens mangent leurs chiens quand ils manquent de nourriture.) Nous soulevâmes la peau, représentant une porte. Je m’étais attendue à de là malpropreté et de la misère ; ma surprise a donc été complète en voyant une sorte de luxe oriental, quoique grossier, et un air de bien-être.
Il y avait du feu au centre de la tente, grande et bien couverte en peaux de buffle. Près du feu étaient assis deux hommes, le visage couvert de figures et de traits en couleur, occupés à polir des pipes d’une espèce de pierre rouge sang foncé. Plusieurs femmes et enfants étaient assis le long des parois de la tente sur des coussins, dont quelques-uns ornés de broderies et posés sur des couvertures blanches. Plusieurs de ces femmes étaient fardées d’une jolie tache rouge au milieu de la joue, et elles avaient teint la racine de leurs cheveux de la même couleur. Avec leurs yeux noirs et animés, leurs cheveux épars, elles étaient, à la lueur dansante des flammes, véritablement bien. De plus, elles étaient amicales et paraissaient amusées par ma visite. Deux Indiennes me firent place pour m’asseoir entre elles. Les vieilles femmes riaient, bavardaient sans paraître gênées le moins du monde ; les jeunes étaient plus graves et timides. Après nous avoir regardés, les hommes ne levèrent plus les yeux et continuèrent en silence à polir leurs pipes. Au-dessus du feu était suspendu un grand chaudron, attaché par un câble au sommet de la tente. C’était l’heure du dîner. Une jeune femme, à ma droite, fai-