Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

diateurs entre eux et Manitou sont ce qu’ils appellent les guérisseurs ; la connaissance qu’ils possèdent des secrets de la nature, leur soi-disant art magique, les fait considérer comme des hommes capables de détourner les malheurs, guérir les maladies, accomplir les souhaits de chacun. Ces guérisseurs jouissent d’une grande considération parmi les Indiens, et sont pour eux des prêtres et des médecins.

Tu vois à l’entrée de la nuit flamber des feux sur l’une des hauteurs de la prairie qui longe le Mississipi, et une foule d’Indiens, hommes et femmes, réunis autour de ces feux en faisant des gestes bizarres. Approchons. Des hommes et des femmes au teint cuivré, au nombre de cent environ, dansent, ou, pour mieux dire, sautent à pieds joints et les bras pendants, à la musique non harmonieuse d’une couple de petits tambours et de quelques gourdes (l’écorce ronde et dure d’un fruit qu’on a remplie de petites pierres, qui font beaucoup de bruit quand on les secoue). Les musiciens sont assis à terre, les danseurs peints de leur mieux avec bigarrure et d’une manière effrayante. Quelques femmes sont richement parées d’anneaux en argent et de petites clochettes du même métal, qui leur tombent des oreilles jusqu’à la plante des pieds, et qu’elles secouent en sautant le plus qu’elles peuvent. Chacun a un petit sac à médicaments en peau : ce sont les hommes et les femmes médecins. Autour d’eux est un cercle de spectateurs de tout sexe, de tout âge.

Lorsque plusieurs vieillards se sont assis et ont causé au milieu de ce cercle, toute la compagnie se met à marcher en rond, et pendant cette promenade chacun sort successivement de la procession et va se placer à une petite distance, en dehors. Un guérisseur sort du cercle,