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LA VIE DE FAMILLE

J’ai aussi entendu citer des exemples prouvant que la femme indienne s’empare quelquefois, dans le Tepée, du droit du maître, met le mari sous son mocassin, et le bat d’importance quand il l’a fâchée. Jamais il ne rend les coups, il se laisse battre patiemment au point d’avoir des contusions rouges et bleues. Mais il sait que son tour viendra et qu’il pourra prendre sa revanche.

Quand un Indien meurt, les femmes se réunissent autour du corps, gémissent, hurlent, s’arrachent les cheveux et se font des blessures avec des pierres tranchantes. Un missionnaire du Minnesota a vu une jeune Indienne se taillader de la manière la plus cruelle, tandis que d’autres femmes, dont elle était entourée, faisaient entendre des chants de vengeance contre le meurtrier du mari. Le dieu de la vengeance est celui des peuples sauvages.

Les vertus des Indiens sont universellement connues : fidélité à leur parole, hospitalité, force de caractère dans le chagrin et les tortures. Elles me paraissent cependant avoir leur principale source dans un grand orgueil. La vertu, chez les Indiens, est égoïste. Leur dignité, tant vantée, me paraît ressembler à celle du coq plutôt qu’à la dignité naturelle d’une noble et virile nature. Tantôt ils se lèvent, se tiennent debout ou marchent avec fierté ; tantôt ils s’accroupissent, sont assis à terre comme des chiens ou des singes ; tantôt ils s’expriment avec paroles et gestes hautains ; tantôt ils causent et bavardent comme une bande de pies. Il y a beaucoup d’affectation dans leur silence et leur fierté. Dans quelques cas exceptionnels, la dignité a été vraie et la noblesse aussi, surtout chez les vieux chefs. Mais les traits caractéristiques principaux, chez les Indiens, sont l’idolâtrie, l’orgueil, la cruauté, l’amour de la vengeance et l’abaissement de la femme.