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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/332

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LA VIE DE FAMILLE

tandis qu’il développait sa philosophie de l’amour public.

« — Que feriez-vous, lui demandai-je, si un vagabond paresseux et voleur venait parmi vous et prenait la résolution d’y rester sans vouloir travailler ? — Nous lui donnerions à manger quand il aurait faim, un gîte s’il avait froid, et nous le traiterions toujours comme un frère. — Cette manière d’agir ne pourrait elle pas attirer un plus grand nombre de ces caractères-là au milieu de vous ? Comment feriez-vous pour ne pas en être surchargés ? — Ces gens changeraient ou ne resteraient point au milieu de nous. Jamais nous ne leur dirions une parole fâchée, et nous leur donnerions toujours ce dont ils auraient besoin ; en même temps nous les regarderions avec une profonde mélancolie, comme s’il s’agissait d’un frère criminel mais chéri, ce qui serait plus dur à supporter pour une âme humaine que des coups de fouet et la prison. Ces hommes changeraient, leur cœur se ramollirait, ou bien ils s’en iraient. Neuf sur dix, je crois, se corrigeraient. »

Marie Child ajoute :

« L’économie politique la plus sage se trouve dans les préceptes du Christ. »

Et ces paroles me revinrent à l’esprit : « Bienheureux les pacifiques, car ils posséderont la terre. »

Si je cherche quel est, dans ce moment, l’élément dominant depuis les États du Mississipi jusqu’en Californie, il sera évident pour moi que c’est la puissance et l’autorité des pacifiques.

Sur le Mississipi (près des Rapides), le 5 novembre.

Nous ne bougeons pas depuis plusieurs heures. Il y a dans cet endroit du fleuve un fond de roches saillantes, et,