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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

sont si bons, si bienveillants ; j’ai vu beaucoup de monde, une bonne partie de la ville et de ses beaux environs. Cette contrée est l’une des plus jolies et des plus agréables qu’on puisse imaginer ; les villas sont situées sur des collines fertiles, avec vues magnifiques sur la rivière et le pays. Les habitants se composent d’un mélange de toutes sortes, bons et mauvais, agréables et fâcheux ; il en est qu’on voudrait avoir toujours près de soi, d’autres qu’on souhaite à mille lieues. Cependant le plus grand nombre des personnes que j’ai vues font partie des meilleures.

J’ai assisté l’autre jour à une grande noce où se trouvaient trois mariées fort jolies : l’une d’elles l’était remarquablement et avait un air si aimable, que je ne pus m’empêcher de lui dire de tout mon cœur un : « Que Dieu répande sa bénédiction sur vous ! » J’y ai vu aussi une foule de jolies toilettes et de jolis visages. Les Américaines s’habillent avec goût. Ici, comme partout, elles me semblent généralement bien ; à peine si je rencontre une figure dont on pourrait dire : Elle est laide. Elle me ranimerait cependant, si j’y trouvais le genre de beauté dont, généralement parlant, ces roses humaines sont dépourvues, et que je compare au bouton couvert de la rosée du matin. Elles manquent d’ombres, de calme, de mystère, — de cette profondeur, de cette intimité sans nom qui attire l’esprit avec une puissance paisible et la certitude qu’il y a là de nobles trésors cachés ; elles manquent de ce charme calme de la personne, qui est par lui-même une beauté. Ai-je tort ? Est-ce l’éclat du salon et des lustres qui m’égare ?

Il est une observation que je crois fondée. La frivolité et la vanité n’ont pas moins de pouvoir sur notre sexe dans ce pays que dans les grandes villes de l’Europe ; elles en