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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/360

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LA VIE DE FAMILLE

ont bien davantage que dans notre bonne Suède. Quelques preuves de ceci m’ont frappée de stupeur. Le luxe et la coquetterie des jeunes femmes ont souvent conduit leurs maris au désespoir et à l’ivrognerie. L’une d’elles, jeune et jolie, a dit un jour en ma présence :

« Les femmes, une fois mariées, font, suivant moi, trop peu de frais pour les hommes. Quand je suis au bal, je m’impose le devoir d’oublier mes enfants. »

Un procès scandaleux entre jeunes époux mariés depuis peu d’années occupe le public dans ce moment. Leur noce a été des plus brillantes ; le trousseau, les meubles, tout était aussi riche et magnifique que possible. La soie, le velours, les diamants, rien ne manquait. Mais bientôt après le mécontentement surgit entre les époux, par suite de l’entêtement de la jeune femme. Elle voulait se farder : le mari s’y opposait. La mère déraisonnable et légère de la femme prit le parti de sa fille contre le mari ; maintenant les époux sont séparés, et on rend publique une correspondance qui ne fait honneur à personne.

Les hommes, d’un autre côté, — la justice veut qu’on montre aussi leurs ombres, — sont ici trop adonnés aux jeux de hasard et à l’ivrognerie. Il y a encore parmi eux beaucoup de brutalité et de sans-gêne dans la manière de vivre.

« Par quel motif se marie-t-on dans le grand Ouest ? est-ce par amour ou pour de l’argent ? demandai-je à un homme âgé, sensé et spirituel d’ici. — Pour de l’argent, » répliqua-t-il sèchement.

Sa femme voulut adoucir cette réponse sévère, mais il s’y opposa, et elle finit par convenir que l’argent avait en effet une grande influence sur la conclusion des mariages. Si, malgré cela, il y en a d’heureux, on en est redevable à