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LA VIE DE FAMILLE

d’avoir des sources transparentes, un air salubre, » que Penn fonda la ville de Philadelphie, « l’asile des persécutés, la demeure de la liberté, le foyer du genre humain. » — « Ici, disaient les Amis, nous adorerons Dieu selon sa loi et sa lumière pure ; nous vivrons d’une vie innocente sur une terre vierge et élyséenne. » Les Quakers conclurent une alliance étroite avec la colonie suédoise, et les Suédois prirent place dans les conseils de Penn.

Philadelphie était destinée à devenir plus tard la ville natale de l’indépendance américaine, de l’acte qui la déclarait un monde et réunissait tous les États séparés au nom d’une humanité plus haute. C’est à quoi les Amis ne songeaient point alors.




Les détails que je viens de te donner, mon Agathe, sont le fruit de mes lectures, de mes pensées, de mes observations. Cet épisode de l’histoire de l’humanité m’a fortement captivée, et je vois encore autour de moi des traces toutes fraîches de sa vie.

Si je considère maintenant le principe quaker en lui-même, il représente évidemment la doctrine pour laquelle Socrate est mort, pour laquelle le grand Gustaf Adolphe a combattu, a remporté la victoire, a péri de la mort des héros, — c’est-à-dire le droit de la liberté de la pensée, relativement à la foi en la lumière et la voix de Dieu dans l’âme humaine. Ce principe qui, chez Georges Fox, s’élance du cœur même du peuple, pour devenir ensuite celui de l’Église de l’État, du peuple, voilà ce qui constitue l’originalité de la secte des Quakers, et fait pénétrer ce principe