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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

dans la vie sociale. Il n’est ni nouveau ni suffisant, vu l’étroitesse avec laquelle les Quakers l’ont compris.

Mais, si la lumière intérieure éclaire une volonté sombre dans l’âme de l’homme ? si la voix intérieure se trouve contrariée par un penchant vil, amer du cœur ? Les Quakers ont oublié, on n’ont pas pris en considération ce vieux dire : « Tout cœur humain a une goutte de sang noir. » Pour le purifier, la lumière ou la voix intérieures sont insuffisantes, il faut une goutte de sang d’une force et pureté divine. Les Quakers trouveront, dans les mystères de leur propre vie, assez de preuves de la présence de cette goutte noire, même chez les enfants de « la lumière intérieure. » C’est la sinistre histoire des luttes, « peut-être non sanglantes, mais tenaces, silencieuses, amères, entre les Amis ; » d’oppressions cachées, de longs tourments secrets, de querelles irréconciliables, enfin de tous ces démons gris qui répandent l’amertume sur la vie commune. La secte des Quakers n’a pas vu tout cela à son origine ; ce mal n’existait peut-être point alors. L’enthousiasme pour une belle idée métamorphose l’âme en une matinée de printemps avec ciel serein, air pur, chant des oiseaux ; le parfum des fleurs l’embaume, les nuages ne se montrent que plus avant dans le jour. Cette secte, au moment de sa première et fraîche aurore, était un fleuve limpide, sortant de sources pures, et baptisant de nouveau le monde avec l’eau purifiante de la vérité, afin qu’il crût à la voix et à la puissance de la vérité. C’était, c’est la bonne œuvre qu’elle a faite en faveur de l’humanité. Son avertissement a pénétré avec une force purifiante dans des milliers d’âmes. (Waldo Emerson, sous le rapport de la foi en la lumière intérieure et la puissance de la vérité, est un Quaker.)

L’erreur de cette secte, c’est d’avoir cru, de croire encore