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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

la bonté de Dieu et à la base fortement morale que la génération actuelle doit à la nature, à l’éducation et à l’influence du sentiment moral public.

Si les mariages ainsi contractés sont souvent malheureux, si le nombre des divorces est considérable dans une partie des États américains où la loi n’y met guère d’entraves, rien de plus naturel. J’ai ouï dire également que ces séparations peuvent provenir de ce que les Américains supportent moins que d’autres l’imperfection et coupent le nœud gordien plutôt que de passer des années à le dénouer. « La vie est courte, » disent-ils.

Et pourtant, je n’ai vu nulle part des unions plus parfaitement heureuses qu’en Amérique ; mais elles n’avaient pas été conclues en vue de l’argent.

« Pourquoi préférez-vous le grand Ouest aux États de l’Est comme séjour ? » demandai-je à ma bonne hôtesse.

Elle me répondit : « Parce qu’on y est plus libre, qu’on a moins de préjugés et plus de considération pour l’individu que pour ses habits et le monde extérieur ; parce que nous sommes plus libres relativement à nos opinions, à nos entreprises, et que la vie commune y est plus facile. »

Et cependant, — je crois avoir remarqué que la susceptibilité, la rudesse, les petites querelles, en un mot tous les petits lutins ordinaires de la vie sociale, ne sont pas moins actifs ici que dans d’autres grandes villes du Nouveau-Monde. Le bon grain et l’ivraie croissent partout, dans l’Ouest comme à l’Est.

Le climat de Cincinnati est malsain, l’air y est rude, et les changements subits de température pourraient bien être pour quelque chose dans l’irritabilité de caractère dont ses habitants m’ont paru affligés.