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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/402

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LA VIE DE FAMILLE

velles autorités, et se console en disant : « Je serai plus heureux une autre fois. » Des feux d’artifice sont tirés durant la paisible soirée en l’honneur des candidats victorieux ; toute la ville va se coucher et s’endort profondément.

Il me semble que cette agitation dans laquelle le peuple exerce sa pensée, son talent oratoire, ou du moins sa vigilance, ressemble à la soupape de sûreté d’un bâtiment à vapeur qui laisse échapper et se perdre le surplus de la vapeur. Cependant je trouve que la vapeur de la machine de l’État pourrait être mieux employée. J’ai de la peine à me figurer que, plus tard, le peuple des États-Unis ne cherchera point à mettre un peu plus de stabilité dans sa manière de gouverner, en donnant aux fonctionnaires plus de temps pour exercer leurs emplois, plus de loisir au véritable talent, moins d’espace à la démagogie.

Cependant, même dans l’état où sont les choses maintenant, il me semble qu’un grand talent ou caractère ne court pas ici le danger de manquer d’occasions pour agir avec toute sa force. La meilleure preuve de ce que j’avance est dans les hommes d’État, les magistrats, les prêtres remarquables qui, d’année en année, continuent à orner le Sénat, les tribunaux, les chaires d’enseignement, et dont le peuple se pare et se vante, comme les États monarchiques se glorifient de leurs rois et de leurs héros. Ce sont principalement les médiocrités et les capacités à demi formées qui sont soumises à cette forte rotation, montent et descendent jusqu’à ce qu’elles aient acquis la force ou l’habileté de se maintenir sur un point quelconque.

Il y a dans les États-Unis un autre principe de mouvement, une puissance plus créatrice, ou du moins plus organisatrice : c’est l’association. Elle existe déjà dans la