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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/418

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LA VIE DE FAMILLE

P.S. Ma lettre m’effraye. Elle a pris tellement d’extension en longueur et en largeur, que mes amis de Cincinnati la considéreraient comme l’un des produits gigantesques et informes du grand Ouest.

Je partirai sous peu de jours pour la Nouvelle-Orléans ; je veux voir la terre au soleil des tropiques et la domination espagnole. Je veux voir au firmament la croix du Sud et la grande étoile d’Argos. Ensuite je me tournerai de nouveau vers l’étoile polaire et notre nord silencieux, vers mon foyer paisible et chéri.

LETTRE XXXI.


Arche de Noë (sur le Mississipi), 18 décembre 1850.

J’ai quitté Cincinnati avant-hier 16. Mes excellents hôtes m’ont accompagnée à bord et comblée jusqu’au dernier moment de preuves de leur bienveillance, légères et faciles à porter, car elles étaient données avec un cœur chaud. Elles m’accompagneront en Suède, me rappelleront l’Ohio et ma demeure à Cincinnati. M. Stetson m’a fait cadeau d’une collection de coquillages de l’Ohio ; plusieurs sont infiniment jolis, changeants, sur fond blanc, avec toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Le jour de mon départ le temps était chaud et beau ; Cincinnati, ses hauteurs plantées de vignes, ses jolies villas et la rivière étaient étincelantes de soleil. Il en était de même de mon âme ; les marques de bienveillance que j’avais reçues de plusieurs de mes amis de Cincinnati pendant ces derniers jours me touchaient le cœur ; mais j’étais pro-