Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
LA VIE DE FAMILLE

inspirée de l’amour. L’orateur s’assit, tout l’auditoire resta un moment silencieux, puis une petite et jolie femme aux traits purs et beaux, aux yeux limpides, se leva de son banc. C’était Lucrétia Mott. D’une voix, non pas forte mais claire, avec une netteté de prononciation qui empêchait de perdre aucune de ses paroles, elle parla pendant une heure sans interruption, sans redites, sans que je formasse d’autre souhait que celui de l’entendre continuer, tant son exposition du principe non conformiste, qui est celui des Quakers, était net et fort, tant l’application qu’elle en faisait aux questions sur la vie pratique, débattues actuellement, était logique et parfaite, questions qui, suivant elle, étaient la paix, l’esclavage et les droits civils de la femme. J’écoutai avec le plus grand plaisir cet admirable discours entièrement inspiré par la voix intérieure de Lucrétia Mott ; on aurait dit un feu vigoureux quoique contenu. Il y avait là, talent, force, clarté, lumière. Cependant ce discours manquait de la chaleur de l’inspiration, de la vigueur que donne la vie éternelle, la lumière était une clarté d’hiver. En attendant, je suis enchantée d’avoir entendu un orateur féminin parfait en son genre. La salle était comble, chacun écoutait Lucrétia Mott avec une admiration visible. On m’a parlé de quelques jeunes personnes qui ont prononcé dans ces réunions des paroles inspirées ; je ne les ai point entendues. L’assemblée se termina comme la précédente, c’est-à-dire que deux anciens se levèrent et se tendirent la main.


Lundi.

J’ai lu aujourd’hui, pour la première fois, dans son entier, la « Déclaration d’indépendance américaine, » dont