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LA VIE DE FAMILLE

faute d’une autre législation. Depuis cette exécution, Wicksbourg est une ville convenable.

Nous sortirons bientôt de la région du coton pour entrer dans celle du sucre ; mais quand arriverons-nous dans la région de l’été ?

Le 22 décembre.

Nous y voilà, nous y voilà ! Le vent et le soleil d’été nous environnent.

C’est le sixième jour de notre voyage en descendant le Mississipi. Lorsque je suis sortie dans la galerie ce matin, j’ai cru être dans un pays enchanté. L’air d’été le plus délicieux me caressait le visage, le ciel bleu le plus doux riait au-dessus du fleuve, des champs découverts et cultivés de ses bords ; de légères et blanches nuées d’été étaient chassées par un vent tiède, sur le sol verdoyant brillaient de jolies habitations, au milieu des bosquets d’orangers, de roses, de cyprès et de cèdres. Une vie de beauté, suave, d’un charme inexprimable en tout et par tout. Nous étions entrés au-dessous de Memphis, dans la région du sucre, c’est-à-dire dans la contrée où on le cultive en même temps que le coton et le maïs. Nous avions passé Natchez, autrefois la demeure d’une puissante tribu indienne, qui adorait le soleil et entretenait « un feu éternel. » Cette contrée rappelle bien des souvenirs sanglants. Nous avions laissé derrière nous cette ville, les États du Mississipi et de l’Arkansas ; nous étions dans la Louisiane, assise sur les deux bords du fleuve. Nous volâmes dans les bras du Sud, il nous recut avec un cœur chaud ; je le sentis, et mon propre cœur s’ouvrit à toutes les puissances douces de la vie et de la nature. Je restai assise en silence sur la plate-