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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/90

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LA VIE DE FAMILLE

« Pour les saisir dans leur vérité la plus haute, il faut… le caractère et le coup d’œil d’un ange. » Hélas !…

Du reste, Henry est comme Oerstedt[1], un adorateur des lois de la nature, sans vouloir, cependant, comprendre les phénomènes indiquant un monde spirituel, infiniment plus riche que celui qu’ils veulent faire passer comme étant le seul réel. Je m’arrête ici dans une lutte avec Henry et avec Oersted ; mais n’importe ! Le point essentiel, c’est de savoir ce que sont les hommes, ce qu’ils produisent. Chacun a un talent à faire valoir, nous le savons tous, mais nous l’oublions souvent, tandis que nous critiquons et blâmons.

M. Carey (l’économe national) m’a parlé hier, pendant plus d’une heure, assurément, sur la véritable formation politique d’un État ; sa construction, pour être d’une solidité réelle, ne ressemble point à la colonne, mais à la pyramide. La colonne répond à la constitution politique européenne monarchique ; elle ne peut porter un grand édifice sans crouler sous son poids. » Lorsque Carey vit, il y a quelques années, le roi Louis-Philippe concentrer en lui et sa dynastie le pouvoir et la richesse, on prétend qu’il a dit : « Cela ne peut pas durer longtemps, et doit nécessairement crouler. » C’est ce qui arriva peu de temps après. La véritable forme politique, celle qui brave les siècles et les tempêtes, doit avoir une base large et partir de là ; cette forme est celle de la pyramide, celle des États-Unis. Elle part de l’éducation publique du peuple, de la liberté civile, s’élève ferme, inébranlable, sur une base solide comme celle des Andes et des Alpes. Cette comparaison me semble bonne et la chose vraie.

  1. Célèbre savant danois. (Trad.)