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LA VIE DE FAMILLE

faveur de l’indépendance, les souffrances qu’ils avaient endurées ensemble et les combats livrés en commun dans l’intérêt général. Il finit en exhortant le sénat à se détourner des intérêts individuels pour ne songer qu’au bien de tous, au maintien de la constitution fondée par leurs pères et à faire preuve d’une vertu plus qu’ordinaire. « Quant à moi, ajouta-t-il, je resterai fidèle à l’Union avec tous ceux qui veulent la conserver. Je propose de nous tenir fermement à la constitution, et je n’ai pas besoin d’une autre plate-forme. Juste envers le pays tout entier, je ne reconnaîtrai que lui. Peu m’importe les suites que ceci aura pour moi ; je ne m’en inquiète nullement. Un homme ne peut pas trop souffrir, ne peut pas succomber trop tôt s’il souffre et succombe en défendant la liberté et la constitution de son pays. »

Webster avait commencé son discours avec calme, lourdeur et sans vie apparente. Vers la fin, ses joues s’étaient couvertes du feu de la jeunesse ; sa personne se redressa, parut svelte, animée, — et aux derniers mots il était là, debout, avec une beauté mâle, au milieu de l’assemblée fascinée et l’écoutant ; il était là, calme, sans émotion apparente, et comme se reposant, heureux et libre, dans la magnificence du chant qu’il avait fait entendre. Ah ! s’il avait pu en faire entendre un plus noble encore, tout aurait été parfait, — sa victoire et celle de la lumière. Mais, en parlant pour la liberté de la Californie, Webster se prononça pour l’arrestation des esclaves fugitifs, même sur la terre autrefois libre, — pas une parcelle du sol américain ne pouvait plus être appelée le foyer de la liberté. Il y était poussé par les fâcheuses circonstances du moment, la nécessité politique ; il ne pouvait pas faire autrement, je crois ; et je me suis unie à sa profession de foi, « une Vis