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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/266

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LA VIE DE FAMILLE

Ah ! j’aimerai toujours Cuba comme l’une des plus belles créations de Dieu, et serai reconnaissante de l’avoir vue, d’y avoir appris à comprendre un ciel nouveau, une terre nouvelle ! Mon souhait, mon espoir individuel, c’est que Cuba soit annexée pacifiquement aux États-Unis. C’est seulement lorsque ceux-ci auront fait entrer dans leur Union le monde du tropique qu’ils formeront un empire d’États. Cuba entre les mains des Anglo-Américains ne tardera point à supprimer le trafic des noirs, à prêcher l’Évangile aux nègres, à transformer le bohen en jolis petits villages, et les lois généreuses de l’Espagne en faveur des esclaves seront introduites dans le code de l’Union, lorsque cette île en fera partie.

Je suis arrivée à Charleston dans la matinée du 11 mai, par le plus beau soleil ; mais il m’a semblé voilé, tant sa lumière me paraissait dépourvue d’éclat sur les murs et les toits de la ville, entre ses arbres touffus, après la magnificence à laquelle je m’étais accoutumée à Cuba.

Je fus enchantée cependant de revoir madame Howland et sa famille, de leur parler de mon voyage, de passer avec eux une belle et entière journée. Mais mon esprit n’était pas disposé au calme et à la tranquillité, j’étais en route pour de nouvelles courses d’aventures. Je voulais voir la Floride, et ma bonne hôtesse se laissa facilement persuader de m’accompagner dans cette excursion, qui, j’en étais certaine, lui causerait autant de plaisir que j’en aurais à la faire avec elle.

Il fallait une décision prompte ; le jour suivant un bateau à vapeur partait pour Savannah, où je devais trouver la famille Mac Intosh, pour faire avec elle, suivant convention arrêtée l’année précédente, un voyage en Floride, sur le beau fleuve le Saint-John.