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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/29

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

l’estomac. J’y suis allée à différentes heures et je les ai toujours trouvés mangeant ou préparant de quoi manger. Ce matin ils déjeunaient avec des oranges, qui me semblaient avoir été apportées en grande quantité dans le camp. Je présume qu’elles n’étaient pas des plus saines. Mais les hommes rouges, dévorant ces jolis fruits sur la lisière de la verte forêt éclairée par le soleil, formaient une scène très-gaie. Il y a constamment du feu allumé devant les huttes, et auprès du feu sont assises de vieilles femmes racornies, à cheveux gris, ayant tout l’extérieur de véritables sorcières, occupées soit à tourner quelque chose sur le feu, soit à chauffer leurs maigres mains, et paraissant vouloir s’envelopper autant que possible de fumée. Les enfants assis par groupes autour du feu, ou courant sur le gazon et jouant à la balle, sont jolis, vifs. Ils ont de beaux yeux noirs. Les jeunes femmes, parfois très-parées de bracelets et de colliers, ont différents ornements peints sur les joues. On rencontre constamment sur la route qui conduit à la ville des Indiennes portant sur le dos de grands paniers remplis de menues branches de pin inflammables qu’elles vont y vendre. Le panier est soutenu au moyen d’un ceinturon fixé autour du front, comme chez les Indiennes du Minnesota. Les hommes sont dans ce moment à la chasse dans les montagnes de l’Alabama ; mais quelques-uns d’entre eux, restés ici, se sont fait entre les arbres un paravent de branches et de feuillages, derrière lequel ils s’habillent, se peignent et se parent. Ils portent des anneaux au nez et se vêtissent avec élégance. L’un de ces Indiens, jeune homme remarquablement joli, portait ses cheveux en longues boucles tombantes sur ses épaules. J’ai fait le portrait d’une couple de jeunes filles. Elles paraissent vigoureuses, gaies, et ressemblent pour les traits