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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/31

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

uns des événements historiques de son pays ; l’un de ses drames « Alfred et Inez, ou le siége de saint Augustin, » sera emporté par moi comme lecture de voyage.

Parlons maintenant de madame Le Vert. Je l’ai réservée pour la bonne bouche, parce qu’elle a su se glisser jusqu’au fond de mon cœur.

Qu’il est agréable d’aimer, de dire : Voilà une personne qui me plaît ! Il est singulier, en vérité, que cette femme du monde dont j’ai entendu parler comme d’une « Belle, » et de l’un des plus jolis ornements de la société, me soit devenue presque aussi chère qu’une sœur cadette. C’est parce qu’elle est très-bonne, parce qu’elle a beaucoup souffert, parce que, sous la surface du monde, se trouve une raison parfaite et pure fort rare, un cœur qui peut aimer, se dépouiller de toute vanité, pour faire plaisir à ceux quelle aime. Sans le vouloir et tout naturellement, nous nous sommes trouvées ensemble comme si nous nous étions toujours connues. Madame Le Vert prétend que je lui donne la nourriture intellectuelle dont elle a besoin.

Si tu avais envie de connaître l’idéal d’une maîtresse avec son esclave, il faudrait pour cela que tu visses Octavie Le Vert et Betzy, sa femme de chambre, jolie et spirituelle mulâtresse. Betzy ne pourrait vivre sans sa maîtresse, sans arranger tous les jours ses cheveux à la Marie-Stuart ; la voir jolie, gaie, admirée, c’est la vie et le bonheur de Betzy. Elle a voyagé avec Octavie dans les États-Unis. Quand on la met sur ce chapitre, quand elle peut raconter combien sa maîtresse a été ravissante, admirée, adorée, alors Betzy est dans son élément ; mais elle ajoute : « Hélas ! madame n’est plus la même. Autrefois elle avait de si jolies roses, — vous auriez dû les voir… Non elle n’est plus