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Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/40

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LA VIE DE FAMILLE

« Betzy n’aura pas tardé à entendre parler de cet incendie ; elle y courra, dis-je, et saura trouver le moyen de sauver ce qui vous appartient.

— Elle n’arrivera pas à temps, répliqua Octavie, elle est allée chez une amie qui demeure dans un quartier éloigné. L’hôtel est en bois, le feu l’aura dévoré en quelques heures ; il a sans doute éclaté près de ma chambre, tout sera brûlé. »

Cette perte n’était rien pour Octavie, plus tourmentée de l’inquiétude de son mari et de sa mère, s’ils apprenaient l’événement avant d’avoir reçu une lettre d’elle. Le temps s’écoulait, et, comme nous n’entendions parler ni de Betzy ni de Saint-Charles, madame Le Vert résolut d’aller chez une de ses amies qui demeurait près du grand hôtel pour apprendre quelque chose relativement à l’incendie et savoir s’il était possible de s’en approcher.

Elle était partie depuis une heure quand on sonna vivement à la grille donnant sur la rue. Je reconnus Betzy et descendis en courant pour lui parler. « Eh bien, Betzy, qu’est-ce ? m’écriai-je.

— Tout est sauvé ! répondit-elle hors d’haleine, au point de pouvoir à peine parler, mais avec un visage rayonnant. J’ai l’argent sur moi ! » Elle posa la main sur sa poitrine. « Où est ma maîtresse ?

— Elle est allée à Saint-Charles, je crois.

— Il n’y en a plus, ce n’est qu’un monceau de cendres… »

En effet, en moins de trois heures, cette belle maison avait été détruite, et sa population, composée d’environ quatre cents personnes, était sans abri.

Je suis allée avec Betzy à la recherche de madame Le Vert. Cette brave fille m’a raconté en chemin qu’ayant en-