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le mystère du b 14

— Oui… peut-être, fit Lahuche… Mais aussi, la tête… la tête qui manque !… Et les pas, à contre-voie… Et, autre chose à quoi, permettez-moi de vous le dire, vous ne faites pas attention !… Cet assassin qui n’a pas le sou !… Enfin, quand on assassine quelqu’un, c’est pour le voler !… Ce voyageur, qui est dans le B-14, doit avoir de l’argent. Comment se fait-il que son assassin n’en ait pas, alors qu’il est prouvé que le sac de voyage de la victime a été ouvert ?

M. Rosic feignit de découper avec acharnement une volaille que l’on venait de servir, afin de n’avoir pas à répondre tout de suite ; il était évident que les observations de Lahuche l’embarrassaient ; enfin, il prononça :

— Cher monsieur, je vous assure que j’ai l’expérience de ces choses !… Il y a dans cette affaire, comme dans toutes celles de ce genre, quelques obscurités… Ce serait trop beau si tout apparaissait clairement dès le premier abord… Les policiers seraient inutiles !… Pour ce qui est du sac, rien ne dit, s’il a été ouvert, que son contenu ait disparu… Nous le saurons bientôt… Je vais retourner à Valence, dès que j’aurai reçu la réponse de mes hommes !…

Ils déjeunèrent gaiement ; Rosic était un joyeux vivant, en dehors de sa profession, et Lahuche était le meilleur garçon de la terre et le plus gai conteur de galéjades qui se puisse trouver.

Enfin, vers deux heures et demie, comme ils vidaient un dernier petit verre de fine, on apporta à Rosic une dépêche jaune, une dépêche officielle.

Sûr de son triomphe, il la décacheta ; mais aussitôt, jetant sa serviette sur la table, avec un juron épouvantable :

— Il nous échappe !… Ce diable-là est descendu du train avant Lyon !… Où… où ?…

Puis, calmé, avec un sourire de victoire, quand même :

— Preuve, en tout cas, qu’il est coupable, car lorsque l’on prend un billet pour Lyon, on va à Lyon !… Mais il ne s’agit pas de perdre son temps !

Il paya l’addition, malgré les protestations de Lahuche, puis lui serrant la main :

— Charmé d’avoir fait votre connaissance !

Nous nous reverrons, car j’ai le pressenti-