Page:Bringer - Le Mystère du B 14, 1927.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
le mystère du b 14
or, et des instruments de toilette, marqués J.-W.

— Bon… Mais un Anglais qui revient des Indes n’a pas seulement deux ou trois cents francs en or…

— L’assassin a dû voler le reste…

— Avez-vous trouvé quelque chose dans le portefeuille du mort ?

— Le portefeuille ?

— Dame… il devait en avoir, dans la poche intérieure de son vêtement…

Mais il s’arrêta, tout joyeux, en voyant tout à coup M. Chaulvet rougir comme une jeune fille :

— Je parie que vous n’avez pas fouillé…

— Non, avoua piteusement M. Chaulvet… Mais ce qui est différé n’est pas perdu… et je vais tout de suite…

— Je vous accompagne à l’hôpital…

Ils sortirent ; l’hôpital, dans l’amphithéâtre duquel on avait transporté le cadavre n’était pas loin ; pour l’autopsie, on avait bien entendu, déshabillé la victime :

— Où avez-vous mis les vêtements ? demanda le procureur à un garçon d’amphithéâtre.

— Dans ce petit cabinet, là, à droite ! répondit cet homme.

Et, se dirigeant vers la porte du petit cabinet, il en revint portant sur son bras un paquet de linge et de vêtements, qu’il étala sur une table.

— Eh bien… et le veston ? fit Rosic.

— Le veston ?

— Oui, cet homme avait bien un veston ?

— Dame…

— Où est-il ?

Mais on eut beau chercher, le veston demeura introuvable ; comment avait-il disparu, qui l’avait volé ? ce fut une nouvelle énigme à ajouter à toutes les autres.

Le garçon d’amphithéâtre, cependant, jurait ses grands dieux qu’il avait enfermé un veston grisaille, de la nuance du gilet et du pantalon, dans le cabinet ; personne n’avait pu entrer, car il ne s’était pas absenté : il n’y comprenait rien.

— Voilà ce que c’est, fit alors Rosic, avec un coup d’œil moqueur à M. Chaulvet, de ne pas fouiller tout de suite les gens !

Il était heureux ; c’était sa revanche, et il dit :

— Qui avait intérêt à s’emparer de ce veston ?… L’assassin ?… Mais lequel ?… Le vôtre ou le mien ?… Car nous en avons deux. Monsieur le procureur !… Eh bien ! j’ai comme une idée que ce doit être le mien !… Patientez une petite demi-heure… et attendez-moi dans votre bureau !…

Et ce disant, il quitta l’hôpital ; cinq minutes après, il traversait le Rhône en auto et cinq minutes encore après il arrivait à la petite gare de Saint-Péray où, avisant le chef de gare :

— Pardon, monsieur, au train de montée de midi et quelque, n’avez-vous pas vu descendre un voyageur vêtu de vert, chaussé de jaune, et sans couvre-chef ?…

— Mais…, fit l’autre.

— Répondez… Je suis le chef de la brigade mobile de Lyon. Voici ma carte !…

— Je vous demande pardon, fit alors le chef de gare. En effet, au train de midi, j’ai bien vu descendre un homme répondant au signalement que vous donnez !… Il est même monté dans l’autobus qui assure la correspondance avec Valence et la rive gauche.

— Parbleu… j’en étais sûr !… fit Rosic, triomphant.

Et il revint trouver le procureur.

— Monsieur Chaulvet, mon assassin à moi, celui qui a sauté du train au Robinet, celui qui se fait remettre mille francs pour l’affaire du Poignard de Cristal, celui qui prend un billet pour Lyon et qui s’arrête en route, est le même qui vole les vestons des malheureux assassinés dans les trains de luxe !

— Quoi… Qui vous a dit…

— Mon flair… Mon assassin, à moi… est descendu à Péray à midi, au lieu de continuer sur Lyon et est venu à Valence chiper le veston du mort… J’en viens d’avoir la preuve. Et savez-vous pourquoi ? Parce que, en route, il a lu dans un journal, à la dernière heure, que son crime venait d’être découvert. à Valence, et il s’y est arrêté, au lieu de continuer à rouler sur Lyon.

— Mais qui prouve que c’est lui qui a volé le veston ?

— Parce que, seul, il avait intérêt à s’emparer du portefeuille du mort.

— Vous tenez donc à ce que cet homme soit l’assassin ?

— Mais oui !

— Quand il est archiprouvé que le véritable a pris le 234, et qu’il a jeté la tête dans l’Isère ?

— Cela, fit Rosic, c’est le onzième voyageur… Assurément, c’est le point noir de l’affaire… Mais tout s’expliquera un jour ou l’autre… et alors, vous verrez que vous avez eu tort de me blaguer…

À ce moment, on gratta à la porte, et un garçon entra, disant :

— Le contrôleur des wagons-lits ?