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Page:Bringer - Le Mystère du B 14, 1927.djvu/7

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le mystère du b 14

quête peut faire plus de chemin qu’un assassin.

Au fond, il était enchanté d’avoir enfin à s’occuper d’une affaire aussi importante et qui ne saurait manquer de mettre en relief son intelligence, son flair et ses qualités d’habile instructeur ; en quoi il était contraire à M. Hardi, le juge d’instruction, homme sans ambition, et qui dans ce crime ne voyait de prime abord que les ennuis et les dérangements qu’il allait lui causer.

— Pénétrons dans le wagon ! décida M. Chaulvet

M. Guillenot les précéda.

L’obscurité était profonde : la petite dynamo qui se trouve entre les roues des sleepings n’étant plus actionnée, toutes les lampes s’étant éteintes ; le sous-chef de gare avait sa lanterne : le juge, le procureur et le commissaire, ainsi que le greffier, empruntèrent celles des hommes d’équipe.

Le cadavre était toujours étendu sur le tapis du compartiment.

M. Chaulvet se pencha, mais, tout à coup se relevant comme mû par un ressort :

— Mais ce cadavre a été entièrement décapité, ce cadavre n’a plus de tête !

— Quoi ? Que dites-vous ? s’écria le sous chef de gare.

— Vous me disiez que l’homme avait la gorge ouverte, le cou sectionné… Voyez plutôt… il n’a plus de tête du tout…

M. Guillenot se pencha à son tour, et, lui aussi, se redressa tout pâle, effaré comme devant l’incompréhensible, l’inexplicable.

— Monsieur, fit-il en frissonnant d’horreur… j’ai vu… j’ai bien vu… tout à l’heure, quand j’ai pénétré le premier dans ce wagon la tête de ce malheureux… À la vérité, comme je vous l’ai dit, elle ne tenait que par quelques lambeaux de chair… mais elle était là… je l’ai vue… et le chef de train… le stewart, des hommes d’équipe aussi l’ont vue…

— Étrange, murmura le procureur… Il faudrait croire, alors, que quelqu’un a voté cette tête… Qui ? L’assassin ! Afin qu’on ne pût identifier sa victime… Alors, c’est qu’il était dans le train… Il y est encore… !

Et s’adressant à Guillenot :

— Le premier arrêt du B-14 est Lyon ?

— Oui.

— Il y arrive… ?

— À minuit vingt, mais à cause du retard…

Le procureur avait tiré sa montre.

— Minuit moins dix…

Alors, au commissaire de surveillance :

— Monsieur Jeulin… vite, un coup de téléphone à votre collègue de la gare de Perrache qui, lui, doit être à son poste… Qu’il surveille le B-14, n’en laisse sortir personne… et qu’il appelle immédiatement le Parquet lyonnais, que je mettrai au courant, tout à l’heure, par téléphone.

Puis, tandis que le commissaire se hâtait vers le bureau du télégraphe de la gare, M. Chaulvet avait tiré un carnet de sa poche, en avait griffonné trois feuilles qu’il tendit à des hommes d’équipe, en leur disant à chacun :

— Vite, ce mot à la gendarmerie… celui-ci