Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/192

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Et quand le métayer eut dit : « Vers mon courtil,
Pauvres gens, un malheur, hélas ! vous conduit-il ? »
Le barde mendiant qui leur servait d’escorte
Baisa son chapelet et chanta de la sorte :

i

« Jésus, le doux patron qui nous menait sur l’eau,
A laissé dans la nuit sombrer notre bateau :
Hélas ! c’est une épreuve dure !
Mais, au mal résigné, tout bon chrétien l’endure.

ii

« Lui-même il nous a dit : « Ne cherchez pas pourquoi
« Je ne suis pas venu quand vous comptiez sur moi ;
« Mais allez, allez à vos frères ;
« Misérables, montrez sans honte vos misères. »

iii

« Et nous voici chargés de planches, d’avirons ;
Ce qui nous est resté, pauvres, nous le montrons.
Devant ces débris et ces rames,
Oh ! que la charité, frères, touche vos âmes !

iv

« Pêcheurs et laboureurs, nous vivons ici-bas.
Aux sueurs de nos fronts, du travail de nos bras ;
Aidons-nous les uns et les autres :
Soulagez nos malheurs, vos pleurs seraient les nôtres.