Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


v

« Si le feu dévorait vos paisibles maisons,
Si granges et hangars n’étaient plus que tisons,
Descendez tous vers nos cabanes,
Venez, grands et petits, paysans, paysannes !

vi

« Heurtez, heurtez sans crainte au seuil des matelots ;
Vous labourez la terre, ils labourent les flots ;
Nous rebâtirons vos chaumières ;
Notre barque n’est plus, entendez nos prières !

vii

« Nous venons en chantant vous dire nos malheurs :
Le chant sorti de l’âme entre dans tous les cœurs :
Au chant harmonieux et triste
Quel est le cœur breton et croyant qui résiste ?


— Ah ! reprit le fermier, déjà plein de pitié.
De ces gerbes de seigle acceptez la moitié.
Oui, glanez ce qu’ici nous donne la culture,
Puisque pour vous la mer n’a plus de nourriture.
Ce chêne dont les bras recouvrent le talus,
Mes aïeux l’ont planté voilà cent ans et plus.
Qu’il tombe ! Façonnez dans le tronc et les branches,
Pour un autre bateau, des membrures, des planches.
Bien rare est notre argent ; mais de l’autre saison