Elles vannaient leur seigle au soleil de midi :
La balle volait sur les ondes
Et sur un drap tombait le grain des moissons blondes.
Longtemps j’admirai leur beauté,
Puis je dis dans mon cœur, dans mon cœur attriste :
« Souffle du ciel, vivante flamme,
Hélas ! si l’on pouvait aussi vanner son âme ! »
Le soir où j’arrivai, le chien noir dans sa loge
Aboya, les deux chats accroupis sous l’horloge
Hérissèrent leurs poils et l’enfant, réveillé.
Dans son berceau se prit à vagir, effrayé,
La fermière sur moi fixait un œil farouche ; —
Si j’arrive aujourd’hui le rire est sur sa bouche,
L’enfant me tend les bras au bord de son berceau,
Le chien sur mes genoux vient poser son museau,
Sur la cendre à mes pieds les chats viennent de même
Les voilà tous amis de celui qui les aime.
Misères ! on ne voit que porteurs de besaces,
Haillons et membres nus sortant de leurs crevasses,