Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/211

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Les tisons de flamber, et les poêles de frire.
« Demain donc nos amis reviendront ! » leur dit-il.
Un instant suffisait à cet homme subtil.

Les voici ! les voici ! toute une cavalcade,
Le chien à sa façon leur entonne une aubade.
Alan vient recevoir et loger les chevaux ;
Et, pour leur faire honneur, suspendant ses travaux,
La fermière s’avance avec Lena, sa fille :
« Quelle grâce m’amène aujourd’hui ma famille ? »
Dit-elle en souriant. « Des parents sont jaloux,
Ô Guenn ! de visiter des veuves comme vous. »
Et les meules de foin, la grange toute pleine,
Trente bœufs, cent brebis qui suaient sous leur laine.
Émerveillaient leurs yeux. Pour l’honnête parrain,
Le regard attentif, mais discret et serein,
Il se réjouissait de mille découvertes :
Les portes de l’armoire, à dessein entr’ouvertes,
Lui montraient des amas de coiffes ; le bahut,
Du linge et des habits pour un siècle ; il se crut
Chez des reines : « On peut vous mettre à rude épreuve,
Dit-il courtoisement en parlant à la veuve.
Çà, fixez-nous le jour où, selon son métier,
Le notaire inscrira deux noms sur le papier. »

Ce jour aux deux amants importait, ce me semble.
Dans le courtil, à l’ombre, ils conversaient ensemble ;
Il fallut les chercher : en rentrant au logis,
On eût dit deux pavots, deux flammes, deux rubis.

Mais, ô vous, jeune clerc ! Anne, ô fille pieuse,
Dont j’aimais à conter la légende amoureuse,