Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/49

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Ses cheveux dénoués, et ses immenses braies
D’une ceinture en cuir sortant à mille raies.
 
« Loïc, c’est vous, enfin ! Depuis trois jours, Daûlaz,
Je regardais la route, et vous n’arriviez pas !
Je disais : Le saunier aura perdu ma lettre,
Ou le vieux matelot est oublié peut-être.
Enfin, Dieu soit loué !… Vous ! sachez, mes amis.
Qu’un jour, passant à Scaer, des buveurs du pays
S’étaient rués sur moi, quand ce brave jeune homme
Me sauva sous les pieds de ces bêtes de somme.
Place à lui ! je lui dois une place d’honneur. »

« — Votre lettre, ô Mor-Vran, m’a rempli de bonheur.
J’étais triste ; le prêtre à qui s’ouvre mon âme
Déjà n’espérait plus d’en rallumer la flamme ;
Mais, sur votre billet, il m’a dit de partir.
Cheminant jour et nuit, depuis lors, sans mentir,
J’ai vu bien des forêts, des landes, des villages ;
Ce matin, me voici près des vagues sauvages ;
Excusez si mes yeux sont dans l’étonnement,
Et si, venant de loin, je parle étrangement.
Mais, vous-mêmes, pourquoi ces immenses bruyères ?
Et pourquoi vivez-vous dans ces forêts de pierres ? »
Le nouveau marié répondit : « Ecolier,
Votre accent, il est vrai, nous est peu familier ;
Mais, comme vos habits, si vos discours sont autres,
Les penchants de nos cœurs, je le crois, sont les vôtres.
Soyez le bienvenu ! Quant à tous ces rochers,
Ils font l’étonnement de bien des étrangers.
Un savant nous a dit qu’aux temps païens, des prêtres