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Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/129

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Plus de mille invités, des mendiants sans nombre :
Cidre sous le hangar, et cidre encore à l’ombre ;
Deux cents coups de fusil en passant par le bourg,
Et des musiciens à rendre un homme sourd.
Le curé chantait fort, et riait sous son livre
D’entendre sur le plat sonner argent et cuivre.
Mais bien plus, croyez-moi, que danseurs et lutteurs,
La veille, on admira deux habiles chanteurs,
Qui, le poing sur la hanche et dressant les oreilles,
En l’honneur des époux nous dirent des merveilles ;
Ils déclamaient en vers comme des bacheliers.
Tous deux, suivant l’usage, avaient sur leurs souliers
Des lacets rouge et bleu ; debout devant la porte,
L’avocat du garçon commença de la sorte :

PREMIER CHANTEUR

Salut aux cœurs joyeux, ouverts et sans façon !
A vous gloire et bonheur, gens de cette maison !
Or, sans plus de détours, amis, où donc est-elle,
La perle du logis, la fleur qu’on dit si belle ?
Ce vase de parfums qu’on me cache avec soin,
Un jeune homme amoureux l’a respiré de loin :
Il soupire, il languit ; pour sécher tant de larmes
Je suis venu ; ma voix, hélas ! a peu de charmes ;
J’ignore les apprêts d’un langage doré,
Mais je suis jeune encore, un jour je m’instruirai.

SECOND CHANTEUR

Votre salut nous plaît, et tant de gentillesse
Dejà vous a gagné le cœur de la vieillesse.