Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/180

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Un seul prêtre, en priant, conduisait le cercueil ;
Puis venait un enfant qui, d’espace en espace,
Aux saintes oraisons répondait à voix basse ;
Car Louise était pauvre et jusqu’en son trépas
Le riche a des honneurs que le pauvre n’a pas :
La simple croix de buis, un vieux drap mortuaire,
Furent les seuls apprêts de son lit funéraire ;
Et quand le fossoyeur, soulevant son beau corps,
Du village natal l’emporta chez les morts,
À peine si la cloche avertit la contrée
Que sa plus douce vierge en était retirée.
Elle mourut ainsi. — Par les taillis couverts,
Les vallons embaumés, les genêts, les blés verts,
Le convoi descendit au lever de l’aurore ;
Avec toute sa pompe Avril venait d’éclore,
Et couvrait en passant d’une neige de fleurs
Ce cercueil virginal, et le baignait de pleurs ;
L’aubépine avait pris sa robe rose et blanche,
Un bourgeon étoilé tremblait à chaque branche ;
Ce n’étaient que parfums et concerts infinis :
Tous les oiseaux chantaient sur le bord de leurs nids.