Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/181

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Le Retour


 
Souvenirs du pays, avec quelle douceur,
Hélas ! vous murmurez dans le fond de mon cœur !
Couché dans les genêts, comme une jeune abeille
Vous bourdonne en passant ses plaintes à l’oreille,
Ou comme un grand nuage en traversant les cieux
De fantômes sans nombre égaye au loin vos yeux,
Souvenirs du pays, au-dedans de moi-même
Ainsi vous murmurez ; et les landes que j’aime,
Mes îles, mes vallons, mes étangs et mes bois,
S’éveillent, et toujours et partout je les vois !

Bourgs d’Ellé, je reviens ! Accueillez votre barde
Vieux Matelinn, l’aveugle, allons, prends ta bombarde !
Place-toi sur ta porte, et pour moi joue un air
Quand je traverserai le pont du Gorré-Ker !

L’art est trop orgueilleux de ses beautés apprises,
Dont le cœur est lassé dès qu’il les a comprises.
L’art se pare et s’admire, et marche avec fierté ;
Des pans de sa tunique il couvre la cité ;
Son front est parfumé, son port plein de noblesse ;
Mais il n’a point reçu la vie et la souplesse ;