Page:Brochet - La Meilleure Part.djvu/29

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fichets qu’elle entassait dans des malles et des valises. Il s’étonna :

— Tu n’es pas en retard ! Nous ne partons que samedi !

Elle se redressa hors d’une malle et rejeta en arrière les bouclettes échappées sur son front ; son visage en feu, ses yeux rayonnaient.

— Non, Yves. Moi, je pars demain matin

— Comment, toi ? dit-il sans comprendre. Tu pars toute seule ?

Elle débarrassa une chaise.

— Assieds-toi, et écoute… Tiens, passe-moi mon pull-over là sur la table. Merci. Je pars, mais pas pour Châtelaillon. Pour l’Italie.

Il se leva d’un bond.

— Pour l’Italie ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

— C’est une histoire de cinéma. Un petit rôle que j’ai obtenu dans un film. Tu sais, Maxwell, le grand metteur en scène ? Une fois, il était venu au cours chez Christophe, et il m’avait remarquée sans que je le sache… Or, la semaine dernière, j’ai reçu une convocation…

— … Et tu crois encore que c’est arrivé ! railla Yves. C’est comme pour l’opérette, l’espoir est entré dans ton cœur

Elle eut un petit sourire supérieur.

— Cette fois, ce n’est pas seulement l’espoir. J’ai signé le contrat hier.

— Sans rien me dire ?

— Mon cher, je voulais avoir une certitude ! Je l’ai, dit-elle avec orgueil. Nous allons tourner en Italie. Je pars pour trois ou quatre mois…

Yves s’était rassis. La surprise l’étourdissait, et il ne savait pas encore s’il était furieux ou content. Il prit le parti de se montrer impassible.

— Très bien ma chère. Tu n’as oublié qu’un détail : notre mariage.

Elle ne répondit pas. Elle feignait d’être très absorbée par l’emballage délicat de ses chapeaux. Ce fut lui qui, au bout d’un moment, reprit d’un ton léger :

— On en parlera au retour, n’est-ce pas, à moins que tu ne partes pour Hollywood ?

Elle interrompit son travail, et le regarda d’un air perplexe.

— Il vaudrait peut-être mieux en parler tout de suite, et franchement… Vois-tu, Yves, je t’aime bien, je crois que je n’aimerai jamais personne autant que toi…

— Merci !…

— … Mais à quoi bon nous illusionner ? Nous ne serons jamais d’accord… Après ma déception de l’opérette, j’avais