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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/104

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vinces illyriennes, l’ordre de revenir à Trieste.

Le duc de Raguse avait très sagement compris qu’il était absurde de prétendre transformer jamais un régiment croate en commune française ; il entendait, et en cela il avait pleine raison, que l’organisation de ce régiment mi-partie civile et militaire demeurât indéfiniment ce qu’elle était. Œuvre du prince Eugène, dans le plus beau temps de la monarchie autrichienne, cette organisation, en lui servant de boulevard contre les Turcs, lui fournissait d’excellents régiments d’infanterie qui ne lui coûtaient rien en temps de paix, puisque chaque famille entretenait le soldat laboureur qu’elle fournissait au contingent ; redoutées des Turcs, ces familles de soldats protégeaient toute la frontière méridionale de la monarchie et tenaient en respect toutes les populations limitrophes.

Je revins à Trieste.

J’y trouvai M. de Narbonne, qui commandait la division ; il me présenta au duc de Raguse, qui m’accueillit avec bienveillance.

Le duc de Raguse, à cette époque, âgé d’environ quarante ans, était de moyenne taille, mais robuste et bien pris dans toute sa personne, le teint brun, presque noir, l’air tout à fait martial. Il était né