Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/109

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collègues au Conseil d’État. Je l’avais beaucoup vue à Paris. J’avais passé chez elle, à Viry, des jours et même des semaines. Telle que je l’ai connue, c’était une personne gaie, vive, aimant le monde, la conversation et les fêtes dont elle faisait fort bien les honneurs. Pendant son séjour à Trieste, bien qu’elle regrettât Paris, elle paraissait vivre avec son mari en très bonne intelligence, et je n’ai jamais rien su personnellement qui justifie les reproches, qu’en tout cas il aurait mieux fait de lui épargner.

Je n’étais pas destiné à jouir longtemps d’une position que les circonstances rendaient aussi conforme à mes goûts que favorable à mon avancement. M. de Narbonne nous quitta, il fut nommé ministre plénipotentiaire en Bavière, et ne resta point étranger aux négociations qui préparaient le mariage de l’empereur Napoléon. Le duc de Raguse reçut l’ordre de renvoyer en France les auditeurs dont l’intendance se trouvait supprimée par le maintien de la Croatie militaire dans son état primitif. Je le quittai avec un véritable regret, et j’ai lieu de croire que ce regret était partagé. Je ne me séparai pas non plus, sans quelque chagrin, de plusieurs personnes qui m’avaient bien accueilli