Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/168

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mières scènes de Gil-Blas ; en vérité, je ne sais pourquoi, car Gil-Blas est un roman, et Lesage n’avait jamais été en Espagne. Quand, du haut du château d’Édimbourg, on aperçoit, d’un coup d’œil, les lieux où Walter Scott a placé la scène de ses principales fictions, là du moins tout n’est pas fictif : l’auteur peint d’après nature. Lesage avait-il deviné ou copié de seconde main la réalité, ou bien enfin ma mémoire me faisait-elle illusion ? Je ne sais ; ce qui est sûr, c’est que les érudits espagnols réclament la propriété originale du Gil-Blas, prétention qui, pour son auteur, vaut mieux que tous les éloges.

Du pied des montagnes des Asturies, nous nous dirigeâmes vers Astorga, petite place forte qui ferme l’entrée de la Galice. Prise et reprise successivement, cette pauvre cité, dont les rues sont étroites, tortueuses et enfumées, offrait un triste spectacle ; ce n’était guère, en dedans, qu’un amas de décombres, mais les fortifications en étaient réparées avec quelque soin.

D’Astorga, nous descendîmes à Benavente en suivant le cours de l’Ezla, qui tombe dans le Duero près de cette ville. Ce fut sur le bord de cette rivière que toute la caravane qui accompagnait le