Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenue d’un ambassadeur. Petit prestolet auvergnat, envoyé à l’Assemblée constituante par une démocratie de curés, engagé dans le côté droit par vanité, par esprit de corps ayant vécu, en émigration, de pamphlets et d’écrits, de circonstance et s’étant depuis, jeté à corps perdu, comme l’abbé Maury, dans la fortune impériale. Je ne crois pas qu’il ait jamais bien compris le but que se proposait son maître en l’installant à Varsovie, ni le sens véritable des instructions écrites ou verbales qui devaient servir de règle à sa conduite.

Je ne sais même si M. de Bassano, qui lui était donné pour tuteur, a bien compris lui-même le fin de la chose, à savoir que l’intention du maître était simplement de chauffer à blanc l’enthousiasme des Polonais, de promener sous leurs yeux le drapeau de l’indépendance, de les entraîner à se saigner de leur dernier homme et de leur dernier écu, sans prendre aucun engagement envers eux, et en se réservant de faire, au dernier moment, la paix à leurs dépens.

Au demeurant, et quoi qu’il en fût de notre ambassadeur et de son tuteur, toutes choses voguèrent d’abord à pleines voiles. Au moment où j’arrivai à Varsovie, l’ambassade, son chef en tête, faisait