Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/21

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obtenaient un succès conforme aux vœux du parti, c’était le Prince qui en recueillerait les avantages. Le maréchal jugea exacts les renseignements que nous lui transmettions sur la politique du Prince de Condé ; mais il nous répondit que « l’obéissance au Roi était une loi qu’il avait respectée toute sa vie ; qu’il désirait vivement ne point recevoir les ordres qu’on lui annonçait, mais que, s’ils lui étaient donnés par le Roi, il obéirait ».

C’est ce qu’il fit, comme chacun sait ; mais ce qu’on ignore, c’est qu’il profita de la situation élevée où le plaça son obéissance pour donner au roi les conseils les plus sages et les plus modérés. Le roi lui-même lui rend ce témoignage dans la lettre par laquelle il l’autorise, après le 14 juillet, à quitter le commandement de l’armée et à s’éloigner de France ; mon père, dans une circonstance mémorable, en réclamant contre une décision de l’Assemblée nationale qui frappait le maréchal de Broglie dans sa dignité militaire, est entré, à ce sujet, dans de grands détails, et a rapporté les propres paroles de son père, sans rencontrer de contradicteurs.

Après avoir quitté l’hôtel de Broglie et s’être établi dans la maison qu’ils avaient louée rue de Bour-