Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/211

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mentanément éloignées. En général, nous passions nos soirées ou chez la princesse Tiskewicz, sœur du prince Poniatowski, grande amie de M. de Talleyrand, et que tout le monde a bien connue à Paris, ou chez madame de Vauban, femme séparée et très séparée du comte de Vauban qui a joué un certain rôle dans les guerres de la Vendée, et publié contre le comte d’Artois un écrit injurieux. Madame de Vauban avait été, pendant longtemps, la maîtresse en titre du prince Poniatowski, et, à ce titre, chose étrange, elle avait exercé, à Varsovie, tout l’ascendant d’une épouse légitime ; elle en conservait l’attitude, après avoir perdu les fonctions de l’emploi, et la société continuait à se grouper respectueusement autour d’elle.

Nos soirées étaient tristes.

Les dames faisaient de la charpie, à tout événement. Les hommes se communiquaient les bruits qui couraient dans la ville et dans la contrée on regardait le thermomètre, on se perdait en conjectures sinistres.

Bientôt on apprit l’évacuation de Moscou ; puis on fut longtemps sans aucune nouvelle. Rien de la grande armée. Rien du prince de Schwartzenberg et du général Reynier, chargé de couvrir le