rien moins qu’agréable, mais ce n’était pas de moi qu’il s’agissait dans un pareil moment. Je fis aussitôt mes préparatifs ; j’achetai, pour aller plus vite, une de ces très légères calèches, qui portent, en Pologne, le nom de briska ; dès la fin de matinée, j’étais en route. Je traversai rapidement le grand-duché, plus lentement les provinces autrichiennes. Le bruit de nos désastres s’y était confusément mais universellement répandu. Le soulèvement des esprits contre la France y éclatait de toutes parts. J’avais quelque peine à obtenir des chevaux de poste ; et j’étais accueilli souvent par des propos qu’en toute autre occasion j’aurais été peut-être obligé de relever, mais que je laissai passer vu la circonstance, en feignant de ne pas entendre l’allemand ; ce qui d’ailleurs était vrai, dans un certain sens : je lisais l’allemand couramment, mais je l’entendais assez mal.
Arrivé à Vienne, j’allai droit à l’ambassade. Je trouvai M. Otto, homme honnête, serviteur fidèle, esprit sage et modéré, dans une angoisse inexprimable. Il arpentait son cabinet en tous sens, dévoré d’inquiétude, assiégé de bruits contradictoires qui lui parvenaient de toutes parts. Pour