Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/242

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honorable. Les principaux acteurs de la Comédie Française avaient été expédiés de Paris au quartier général ; il y avait spectacle de deux jours l’un.

Cette élite de la troupe demeurait, si j’ai bonne mémoire, dans l’hôtel même où nous habitions. Nous les voyions souvent hors de la scène ; et, personnellement, je les connaissais presque tous. Dans ma première jeunesse, fréquentant le Théâtre-Français, j’avais trouvé plus commode et plus économique, au lieu de prendre, chaque soir, mon billet à la porte, d’acheter ce qu’on nommait alors, et ce qu’on nomme encore aujourd’hui, je crois, les entrées d’un acteur. C’était le droit accordé à chaque sociétaire de disposer, à son profit, d’une place à l’orchestre ou au balcon. J’avais acheté les entrées de Dazincourt, comédien de la vieille école, homme d’esprit et bien élevé, qui me racontait les anecdotes de l’ancien régime et m’avait fait connaître plusieurs de ses confrères. Depuis, ayant fait amitié avec le célèbre peintre Gérard, j’avais rencontré, dans ces charmantes soirées qu’il offrait à la meilleure société en hommes et en artistes, en savants et en gens de lettres qu’il fut possible de réunir, j’avais, dis-je, rencontré là les principaux coryphées de nos divers théâtres. Enfin, s’il faut