Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/94

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somme toute, il reste dans mon esprit qu’on ne trouverait pas en France, même aujourd’hui, une ville de quatrième ordre qui renfermât autant d’hommes intelligents, d’une instruction générale, et au fait des affaires courantes dans leur pays.

La bourgeoisie de la ville d’Adimbourg, chef-lieu du comitat d’Eisenbourg, était supérieure encore à celle du Raab : elle avait plus de dignité, de fierté, de résolution ; il fallait lutter contre le conseil de cette ville, il y fallait du discernement et de la persévérance ce n’était qu’à grand’peine qu’on en obtenait ce que le droit du plus fort, c’est ici le mot propre, en devait obtenir. J’ai conservé des membres de ce conseil une opinion très honorable, et je voudrais être sûr que les conseils municipaux des principales villes de France, lors des deux invasions que nous avons subies, aient montré autant de fermeté et de mesure.

Quant aux paysans des deux comitats, encore à peu près serfs, malgré leur uniforme de hussard, ils obéissaient sans murmure, et fournissaient des grains, des fourrages et des moyens de transport, avec une entière soumission. Il est, au reste, bon de se souvenir que cet uniforme n’était autre chose que le costume même des Hongrois, em-