Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/118

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ou de faire fausse route, si j’en avais été tenté ; M. Cuvier, M. Poisson, M. Thénard étaient placés trop haut dans la science pour ne pas honorer les lettres qui en font le lustre et en dispensent la gloire. Vieilles colonnes de l’édifice universitaire, M. Rendu et M. Gueneau de Mussy n’étaient pas disposés à le laisser saper dans ses fondements ; tout aussi peu le corps des inspecteurs généraux, où l’on comptait M. Letronne, M. Ampère, M. Burnouf, M. Naudet. Je me trouvais donc bien soutenu pour résister à l’attaque dont nous étions menacés ; mais je compris tout de suite que le vrai, le bon moyen, c’était de ne pas l’attendre ; c’était de la devancer en annonçant, en préparant des réformes importantes dans le système général de l’enseignement, des réformes précisément contraires aux vues de nos adversaires, des réformes qui tendissent à relever, de plus en plus, l’ordre et le niveau des études, à donner de plus en plus de l’éclat et de l’ampleur aux travaux de l’intelligence.

J’avais suivi, en leur temps, avec autant d’admiration que d’envie, les grands mémoires de M. Cousin sur l’état et le progrès des universités en Allemagne ; j’avais amèrement déploré, avec lui, l’état déplorable de nos misérables facultés ; j’avais