Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/138

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pas une raison pour qu’il pleurniche à propos de bagatelles. C’est puéril. Au lieu de fondre en larmes parce que j’ai dit que Heathcliff était maintenant digne de la considération de tous et que ce serait un honneur pour le premier gentleman du pays d’être son ami, il aurait dû le dire à ma place et se réjouir par sympathie. Il faut qu’il s’habitue à lui, et il peut même lui être reconnaissant : si l’on considère toutes les raisons qu’a Heathcliff de lui en vouloir, je trouve que Heathcliff s’est parfaitement conduit.

— Que pensez-vous de sa visite à Hurle-Vent ? demandai-je. Il se serait donc amendé à tous égards. Le voici tout à fait chrétien : il tend cordialement la main à tous ses ennemis à la ronde !

— Il m’a expliqué cette visite. Je m’en étonne autant que vous. Il m’a dit qu’il était allé là-bas pour y avoir par vous de mes nouvelles, supposant que vous y résidiez toujours. Joseph avertit Hindley, qui sortit et se mit à le questionner sur ce qu’il avait fait, la manière dont il avait vécu, et finalement le pria d’entrer. Il y avait là plusieurs personnes qui jouaient aux cartes ; Heathcliff se joignit à elles. Mon frère perdit quelque argent contre lui et, le trouvant abondamment pourvu, l’invita à revenir dans la soirée ; il y consentit. Hindley est trop insouciant pour choisir ses relations ; il ne prend pas la peine de songer aux raisons qu’il pourrait avoir de se méfier d’un homme qu’il a indignement outragé. Mais Heathcliff affirme que son principal motif pour renouer connaissance avec son ancien persécuteur est son désir de s’installer dans le voisinage de la Grange, ainsi que son attachement à la demeure où nous avons vécu ensemble ; et aussi l’espoir que j’aurai plus d’occasion de le voir là que je n’en aurais eu s’il s’était fixé à Gimmerton. Il a l’intention de se