Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/191

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— C’est le neveu par alliance d’Edgar, me dis-je, le mien en quelque sorte ; il faut que je lui donne la main et… oui… il faut que je l’embrasse. Il est bien d’établir la bonne entente dès le début.

Je m’approchai et, essayant de prendre sa grosse patte, je lui dis :

— Comment vas-tu, mon chéri ?

Il me répondit dans un jargon que je ne comprenais pas. Je fis une nouvelle tentative pour poursuivre la conversation.

— Serons-nous amis, toi et moi, Hareton ?

Un juron et une menace de lâcher Throttler sur moi si je ne « décampais » pas furent le seul fruit de ma persévérance.

— Hé ! Throttler, mon gaillard ! murmura le petit drôle en faisant sortir du repaire qu’il occupait dans un coin un bouledogue à demi sauvage.

— Maintenant, veux-tu t’en aller ? me demanda-t-il avec autorité.

Le souci de ma sécurité m’obligea d’obéir ; je repassai le seuil pour attendre l’entrée des autres. Mr Heathcliff était toujours invisible. Joseph, que je suivis à l’écurie et que je priai de m’accompagner dans la maison, me regarda d’un air stupide, marmotta entre ses dents, tordit son nez et répondit :

— Doucement ! doucement ! doucement ! Jamais chrétien a-t-y entendu quéqu’chose d’pareil ? Vous mangez vos mots, vous l’s avalez ! Comment que j’pourrions d’viner c’que vous dites ?

— Je dis que je désire que vous veniez avec moi dans la maison ! criai-je, croyant qu’il était sourd et néanmoins très dégoûtée de sa grossièreté.

— Que nenni ! J’ons quéqu’chose d’aut’à faire, répliqua-t-il.