Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/251

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tout haut. À la Grange, tout le monde sait que votre sœur vivrait encore, sans Mr Heathcliff. Après tout il vaut mieux être haï qu’aimé par lui. Quand je me rappelle comme nous étions heureux… comme Catherine était heureuse avant son arrivée… je ne puis m’empêcher de maudire ce jour-là.

Très vraisemblablement, Heathcliff a été plus frappé de la vérité de ces paroles que de l’excitation de la personne qui les avait prononcées. Son attention s’est éveillée, je l’ai bien vu, car des larmes coulaient de ses yeux dans les cendres et sa respiration oppressée s’échappait en profonds soupirs. Je le regardai en face, avec un rire de mépris. Des fenêtres voilées de l’enfer ont jailli un instant vers moi quelques éclairs ; mais le démon qui, en général, veillait là semblait si obscurci, si noyé, que je n’ai pas craint de risquer un nouveau rire.

— Levez-vous et disparaissez de ma vue, a dit Heathcliff.

J’ai deviné du moins qu’il prononçait ces mots, bien que sa voix fût à peine intelligible.

— Je vous demande pardon, ai-je répliqué. Mais moi aussi j’aimais Catherine ; et son frère a besoin de soins que, pour l’amour d’elle, je lui donnerai : Maintenant qu’elle est morte, je la revois en Hindley. Hindley a exactement ses yeux… ou les aurait si vous n’aviez essayé de les lui arracher, ce qui les a rendus noirs et rouges ; et sa…

— Levez-vous, misérable idiote, avant que je vous écrase sous mes pieds, s’est-il écrié en faisant un mouvement qui m’en a fait faire un aussi.

— Mais alors, ai-je continué en me tenant prête à m’enfuir, si la pauvre Catherine s’était fiée à vous et avait accepté le titre ridicule, méprisable, dégradant de