Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/279

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était préparé. Je débarrassai Linton de sa casquette, de son manteau, et l’installai sur une chaise près de la table ; mais il ne fut pas plus tôt assis qu’il recommença de pleurer. Mon maître lui demanda ce qu’il avait.

— Je ne peux pas rester assis sur une chaise ! dit Linton en sanglotant.

— Va sur le sofa, alors, et Hélène t’apportera du thé, répondit patiemment son oncle.

Celui-ci avait certainement dû être mis à rude épreuve, pendant le voyage, par cet enfant irritable et souffreteux. Linton se traîna lentement vers le sofa, et s’y étendit. Cathy apporta un tabouret et sa tasse à côté de lui. Elle resta d’abord assise en silence. Mais ce calme ne pouvait durer ; elle avait décidé d’apprivoiser son petit cousin et il fallait qu’elle parvînt à ses fins. Elle se mit à caresser ses boucles, à le baiser sur la joue, à lui offrir du thé dans sa soucoupe, comme à un bébé ; ce qui lui plut, car il n’était guère que cela. Il sécha ses yeux et son visage s’éclaira d’un faible sourire.

— Oh ! cela ira très bien, me dit le maître après les avoir observés une minute. Très bien… si nous pouvons le garder. Hélène. La société d’un enfant de son âge lui infusera bientôt un esprit nouveau, et à force de souhaiter d’être vigoureux il finira par le devenir.

Oui, si nous pouvons le garder, pensai-je en moi-même ; je fus assaillie par le triste pressentiment que c’était là un bien faible espoir. Et alors, me disais je, comment cet être faible pourra-t-il vivre à Hurle-Vent ? Entre son père et Hareton, quelle compagnie et quels exemples pour lui ! Nos doutes furent vite résolus… plus tôt même que je ne m’y attendais. Je venais de faire monter les enfants, le thé fini, et voyant Linton