Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/423

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dû envoyer un mot. Y a pas un coin qui soye sèche ni convenable dans toute la maison ! Y en a pas un !

Elle ôta sa pipe de sa bouche et entra avec précipitation ; la petite fille la suivit, et j’en fis autant. M’apercevant vite que ses dires étaient exacts et, de plus, que mon apparition inopportune lui avait presque bouleversé la cervelle, je lui dis de se calmer. J’allais faire un tour ; pendant ce temps-là, elle n’avait qu’à tâcher de me préparer un coin dans un salon, pour y souper, et une chambre à coucher pour y dormir. Inutile de balayer et d’épousseter : je ne demandais qu’un bon feu et des draps secs. Elle parut disposée à faire de son mieux, bien qu’elle grattât la grille du foyer avec la balayette au lieu du tisonnier, et qu’elle fît un emploi aussi peu judicieux d’autres ustensiles de ménage. Mais je me retirai, me fiant à son zèle pour trouver, quand je rentrerais, un endroit où me reposer. Les Hauts de Hurle-Vent étaient le but de l’excursion que je projetais. Une arrière-pensée me ramena sur mes pas quand j’eus traversé la cour.

— Tout va bien à Hurle-Vent ? demandai-je à la femme.

— Oui, pour c’que j’en savions, répondit-elle, et elle disparut avec un poêlon plein de tisons ardents.

J’aurais voulu lui demander pourquoi Mrs Dean avait abandonné la Grange, mais il ne fallait pas songer à la retarder dans une pareille crise ; je fis donc demi-tour et sortis, m’en allant sans me presser. Derrière moi resplendissait le soleil à son déclin, devant moi se levait la lune dans sa douce gloire. Peu à peu l’éclat du premier s’affaiblit, celui de l’autre grandit, tandis que je quittais le parc et que je montais le chemin qui bifurque vers la demeure de Mr Heathcliff. Avant que je