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versée lors du mariage au mari, à moins que le divorce ne soit prononcé contre lui.

Pour les usages du pagayage, du commerce et des relations avec les Blancs, un sabir s’est formé : le fond de cette langue est du sango, les Belges l’appellent le Dendi.

Les populations de l’intérieur, les Langouassi, les Dakoa, les Ngapons, les Gobons, les Bougou sont de grands cultivateurs et de grands chasseurs. Leurs plantations sont immenses et bien entretenues.

Presque tous tressent les cheveux derrière la tête en forme de bonnet de coton, placé tout à fait sur la partie postérieure du crâne, et horizontalement. Ce chignon caractéristique est presque toujours orné de perles ou de cauris.

La lèvre inférieure est percée pour recevoir un ou deux Baguéré. C’est un cône de quartz poli, de 6 à 10 centimètres de long sur 8 à 10 millimètres de diamètre. Naturellement le poids fait pendre cette lèvre, et comme celle du dessus est perforée, sous le nez, pour permettre d’y loger un disque de bois ou d’étain de 2 à 3 centimètres de diamètre, épais de 1 centimètre, les deux lèvres font saillie, et les indigènes ont comme un bec de canard. La cloison du nez est perforée et on y introduit soit plusieurs brins de paille, soit un morceau de bois de 10 à 12 centimètres de long. Enfin, les narines sont percées, elles aussi, et servent à porter deux ou trois brins de chaume qui se dressent vers le ciel.

Faut-il dire que chez ces populations on ne s’embrasse jamais ; avec tous ces ornements ce serait fort difficile. Mais c’est une coutume que l’on ne retrouve nulle part dans l’Oubangui ; tous les noirs de ce coin d’Afrique ignorent totalement ce que c’est que le baiser.

Pour se saluer, on se passe mutuellement le bras derrière le dos, en restant sur le même plan, et l’on s’étreint ainsi un moment.

La population de tout l’intérieur est fort dense dans le bassin de la basse Kotto, ou dans le Bangui, qui ont été parcourus par l’administrateur Bobichon. De très gros villages de 500 à 1,000 cases sont nombreux, et, dans le pays Bougou, des environs de Mobaye, si les villages sont moins importants, ils sont rarement distants l’un de l’autre de plus de 4 kilomètres.

Les Bougou forment une population très brave qui résiste vigoureusement aux incursions, autrefois annuelles, des Sakkaras de Bangassou. Ne se faisant aucune idée du fusil, ne voyant pas les balles, ils se sont battus en désespérés contre M. de Poumayrac, qu’ils ont tué en 1892, puis contre MM. Liotard, d’Uzès et Julien, qui venaient le venger, et enfin, une troisième fois, contre le capitaine Decazes. Mais maintenant qu’ils ont éprouvé les armes à feu, ils sont revenus à des sentiments plus pacifiques, et entretiennent avec nous d’excellentes relations.

En face de l’ancien poste d’Abiras, quartier général de M. Lio-