Page:Brumoy - Le Théâtre des Grecs (1763) - Tome 1.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

328 ŒDIPE.

SCENE IV.

Les mêmes, hors Jocaste.

Le chœur.

Ah, Seigneur, où court la Reine éperdue, & plongée dans la plus profonde douleur ? que j’appréhende les suites funestes de cet affreux silence.

Œdipe.

Funestes ou non, je veux connoître ma naissance, dût-elle être la plus vile. Je le vois, la Reine rougit de mon obscurité. Tel est le génie ambitieux du sexe, n’importe: je n’ai pas honte de ma destinée. Enfant de la Fortune, j’en ai reçu trop de biens pour être ingrat •. Oui, la Fortune est ma mère. Les années & le tems sont mes proches. Témoins de ma bassesse, ils m’ont élevé au faîte de la grandeur, † Né ce que je suis, ma naissance ne changera pas, quand je cesserois de l’examiner.


• Horace a employé cette expression, Sat-VI.1.2. Luserat in campo fortuna filius.

† J’ai suivi en ceci le sens de M. Dacier, qui véritablement est le plus fin & le plus naturel. C’est aussi celui de M, Orsatto & de M. Boivin.