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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/125

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LE DRAME LYRIQUE FRANÇAIS

à sa race, employant le lied populaire, le développant, l’harmonisant, l’instrumentant à l’aide des subtiles ressources de la polyphonie moderne, croyant, lui aussi, « au merveilleux de la plus naïve légende ». En Italie, le maître illustre et puissant, devant qui tout artiste a le devoir de s’incliner, M. Verdi, nous a donné un exemple de rare noblesse et de magnifique sérénité. Glorieux autant qu’il est possible de l’être, ayant depuis longtemps précédé Wagner dans l’apothéose, en un superbe élan d’enthousiasme, sans renier ses vingt-cinq partitions de jeunesse, il se convertit à la religion nouvelle, refait de fond en comble son éducation, et donne Aïda, Othello, Falstaff, mais ne se dénationalise pas. Ses derniers opéras restent italiens, foncièrement italiens, et rien n’empêche qu’ils ne portent comme épigraphe la phrase que j’ai citée : « Oh ! ma patrie, combien je dois t’aimer, combien je dois m’exalter pour toi ! » Pareil état d’esprit honore la pléiade des continuateurs de M. Verdi. En Norvège et en Russie, la chanson populaire est une source enchantée où tous les musiciens boivent encore. Là aussi, MM. Grieg, Swendsen, Rimsky-Korsakow, Glazounow, sont considérés, ajuste titre, comme des compositeurs nationaux.

En France, c’est autre chose. Pour des raisons