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FERVAAL

Quand les directeurs de la Monnaie de Bruxelles montèrent Fervaal, beaucoup sans doute par conviction personnelle et peut-être aussi un peu sur la demande que, sans avoir lu un mot du poème, une note de la partition, je fus heureux de leur faire, estimant que le premier drame de M. d’Indy, quel qu’il soit, avait droit à la représentation et obéissant à un désir que l’auteur m’avait exprimé, je n’ai eu garde de méconnaître la valeur très spéciale de cet ouvrage. Bien que ses tendances me parussent fâcheuses, néfastes même, j’ai apprécié le sûr et volontaire talent dont il témoigne. Les impressions que j’ai éprouvées en l’entendant de nouveau ressemblent fort à celles que j’avais déjà ressenties et j’ai constaté que ces impressions étaient partagées, autour de moi, par un grand nombre de spectateurs. Nul ne conteste à M. d’Indy une extraordinaire maîtrise en l’art d’écrire, de construire, de réaliser une œuvre, une technique surprenante, des dons hors ligne de symphoniste, d’assembleur de sons. On lui souhaiterait plus d’originalité, de spontanéité, moins de sécheresse, de retenue, dans la conception de cette œuvre, dans le choix de ses éléments constitutifs. Et si l’on a à l’égard de ce compositeur — un homme de réel mérite, j’y insiste — de telles exigences, c’est que des amis zélés le mettent à